Que sont les seins nus devenus ?

Seins nus à Saint-Tropez : la belle liberté des sens des années 70-80 !

Quand j’étais gamine, mes parents aimaient bien passer quelques jours de vacances à Saint-Tropez, en compagnie d’un groupe d’amis. Ils avaient vécu mai 68, nous étions milieu des années soixante dix, dans la mouvance du peace and love post hippie et de la révolution sexuelle. Brigitte Bardot avait aussi créé un modèle féminin emblématique de liberté via le film “Et Dieu créa la femme”, chantait “Complètement nue au soleil”, et beaucoup de Françaises se reconnaissaient en elle, admirant son audace féministe avant l’heure. Dans ce contexte délicieusement libertaire, sur les plages de Tahiti et de Pampelonne, les trois quarts des femmes s’affichaient seins nus et en minis bikinis.

Années 70-80 : joie de vivre, liberté, seins nus et naturisme !

N’ayant pas connu l’époque gaullo-pompidolienne précédente, bien plus pudibonde, tout cela me paraissait normal. Dans les jolies calanques de l’Escalet, où nous allions parfois nous baigner, beaucoup d’estivants pratiquaient la nudité intégrale, dont mes parents et leurs amis, et cela ne choquait personne. Tous ces corps intégralement bronzés respiraient la joie de vivre, la bonne humeur, la simplicité, et la nudité était pour moi synonyme de liberté. Et je me souviens avoir parfois eu hâte de grandir pour pouvoir afficher moi aussi fièrement mes seins et les offrir aux rayons du soleil !

Aujourd’hui, en ce début des années 2000, fini tout ça. Les femmes se sont pudiquement rhabillées, et très rares sont celles qui osent désormais s’afficher seins nus sur la plage. Sur les plages de Pampelonne, les seins nus sont très minoritaires, et les nudistes ont quasiment disparu du paysage de l’Escalet, sauf peut-être dans la petite calanque la plus reculée et la moins accessible. Et ne parlons pas des plages des grandes villes ou stations balnéaires : à Marseille, où vivent mes parents, aucune estivante de la plage des Catalans, du Prophète ou du Prado ne se risque plus à tomber le haut !

Difficile de dater précisément ce retour de la pudeur, mais il semble s’être produit au tournant des années 90. Depuis une trentaine d’années, donc, la majorité des femmes a renfilé maillot deux pièces ou une pièce pour profiter des bienfaits du soleil. Absurde, non ? Rebonjour l’inesthétique et ridicule blanc de poulet caractéristique des marques de bronzage ! Et surtout adieu la belle liberté des sens des années 70-80 !

L’influence toxique du neo-féminisme woke, mouvement réactionnaire et pudibond !

Un retour à la pudibonderie d’autant plus étonnant que le mouvement féministe a paradoxalement considérablement gagné en influence depuis ces années-là. Il est devenu bien plus revendicatif, les pouvoirs publics prennent désormais largement en compte les exigences féministes, et les femmes qui le désirent devraient donc pouvoir exiger que l’on respecte aussi la liberté de leurs corps. Mais il n’en est rien, et c’est même le contraire qui se produit.

L’émergeance du dangereux mouvement “woke”, soi-disant “progressiste”, n’y est sans doute pas pour rien : ce pseudo féminisme venu des USA tente en effet de nous imposer une vision communautariste et sectaire de la société qui, au prétexte de tolérance et de respect des différences de groupuscules minoritaires, fragmente la société en la divisant en groupes opposés entre eux. Ainsi, au regard des wokistes, les femmes aux seins nus seraient impudiques et soumises à la doctrine sexiste, alors que celles qui s’affichent en burkini seraient des modèles de pudeur et de respect d’elles-mêmes.

Quel paradoxe !

Car c’est en réalité tout le contraire bien sûr, et les “vraies” féministes, celles de ma génération en tout cas, le savent bien : la pudeur excessive que l’on tente désormais de nous imposer est une valeur sexiste et machiste d’un autre âge, parfaitement réactionnaire car niant notre essence féminine. Le corps féminin est-il par lui-même si indécent, si obscène, qu’il faille absolument le cacher tout entier ? Les femmes doivent-elles craindre à ce point les regards masculins qu’elle ne doivent pas exposer la moindre parcelle de leur anatomie pour ne pas risquer de tenter les hommes ? Ceux-ci sont-ils de si faibles créatures qu’ils seraient incapables de réfréner leurs pulsions face à des femmes qui osent s’afficher seins nus, voire plus ?

S’afficher seins nus : un acte de courageuse résistance !

Curieuse et obscurantiste vision de la société et des rapports hommes-femmes à laquelle nous sommes revenus, à l’aube du vingt et unième siècle ! Comment un tel retour en arrière a-t-il pu se produire ? N’a-t-on plus le droit d’être fières de notre corps dans son intégralité, et de revendiquer l’expression de sa liberté en tant que femmes ?

De nos jours, oser s’afficher seins nus sur une plage est donc devenu une sorte de courageux acte de résistance, et de militantisme féministe. Je parle bien sûr du “vrai” féminisme, celui qui se soucie du bien-être féminin, pas le sectaire à la sauce woke qui veut nous imposer ses dogmes intégristes absurdes et nous diviser. Personnellement, je milite autant que possible l’été, et je conseille aux audacieuses d’en faire de même. Pour un retour de la belle liberté des sens et de la joie de vivre des regrettées années post soixante-huit.

Petit signe d’optimisme, je constate en cette année 2024 un timide retour du topless sur certaines plages. Bravo à ces vaillantes et courageuses Résistantes !

A propos de Eliza ES 10 Articles
Sexologue diplômée, partenaire du thérapeute de l'Eveil sensuel et autrice pour le blog. Féministe non intégriste et non wokiste, militante pour l'épanouissement de la sensualité féminine.

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