Anaphrodisie, anorgasmie, frigidité

Chez la femme, les troubles du désir les plus handicapants sont l’anaphrodisie, l’anorgasmie et la frigidité. Examinons en quelques phrases en quoi consistent les grands principes de ces pathologies bien plus répandues qu’on le pense.

1 – L’anaphrodisie, ou le non désir sexuel

L’anaphrodisie est l’absence de désir. Si celle-ci existe depuis l’enfance, on parle d’anaphrodisie primaire. L’objectif de la thérapie sera dès lors d’aller à la recherche d’éventuels éléments déclencheurs au cours du passé de la patiente. Si l’anaphrodisie est apparue plus tard, après ou lors de relations affectives ultérieures, il s’agit d’anaphrodisie secondaire. Une thérapie d’ordre comportemental, plus brève et mettant l’accent sur des exercices personnalisés, sera alors préférée.

Il est fondamental de remarquer que l’anaphrodisie ne signifie pas forcément frigidité chez la femme qui en souffre. Il s’agit bien avant tout d’un manque de désir sexuel, d’un désintérêt à l’égard des choses du sexe. Ce qui n’empêche pas la femme anaphrodisiaque d’éprouver du plaisir sexuel à l’occasion de ses rapports si elle est amenée à en avoir, et même d’atteindre l’orgasme. Mais le désir n’est jamais spontané chez elle. Elle ne se masturbe même jamais. En résumé, elle peut éprouver du plaisir, mais en réalité elle ne cherche jamais à en avoir.

2 – L’anorgasmie, ou l’impossibilité d’éprouver l’orgasme

L’anorgasmie est l’absence d’orgasme. Selon que celle-ci existe depuis toujours ou depuis une période plus récente, on parle d’anorgasmie primaire ou secondaire. L’anorgasmie peut être totale, c’est-à-dire aussi bien vaginale (absence d’orgasme lié à la pénétration) que clitoridienne (absence d’orgasme lié à la masturbation), ou partielle si le plaisir peut être atteint de l’une de ces deux manières seulement (pénétration ou masturbation, mais pas les deux).

Notons qu’une femme anorgasmique n’est pas une femme frigide. Si elle ne parvient pas à atteindre l’orgasme, cela ne signifie pas qu’elle ne ressent aucune excitation. Au contraire, la femme anorgasmique est généralement capable de ressentir de l’excitation au cours d’un rapport sexuel. C’est juste l’orgasme qui ne se déclenche pas.

L’anorgasmie est fréquente et se rencontre notamment chez les femmes qui avouent “simuler” le plaisir au cours de leurs rapports sexuels. Cette simulation est donc relative puisque l’excitation est bien là. Sauf que les femmes anorgasmiques n’ont pas accès au climax de la relation sexuelle, ce qui les conduit à faire croire le contraire à leur partenaire.

3 – La frigidité, ou l’absence de désir comme de plaisir

La frigidité est une pathologie associant les deux précédentes: absence de désir + absence de plaisir. Que ce soit par la masturbation ou le rapport sexuel, la femme frigide n’atteint pas l’orgasme. Elle n’éprouve d’ailleurs aucun intérêt envers cette manifestation de plaisir qui lui est étrangère. Il y a une grande souffrance chez la femme frigide, car la frigidité témoigne dans la plupart des cas de multiples blocages qui ont conduit au “verrouillage” du champ sensuel et sensoriel de la femme. La femme frigide éprouve un dégoût à l’égard des choses du sexe qui se traduit par une incapacité à s’accorder du plaisir. Elle en souffre d’autant plus qu’elle peut parfaitement “donner le change” via la simulation. Le dénominateur commun des femmes frigides est sans doute la notion de culpabilité envers la sexualité, dont il va falloir aller chercher les causes dans le passé de la patiente.

Rassurez-vous : tous ces troubles se soignent !

Causes de l’anorgasmie, de la frigidité et de l’anaphrodisie

Les origines de ces dysfonctionnements peuvent bien sûr être organiques, inhérentes à la constitution endocrinienne de la femme. Toutefois, l’examen clinique démontre qu’elles sont le plus souvent d’ordre psychopathologiques, résultant de blocages dont les mécanismes fondateurs sont à rechercher dans le passé de la patiente.

A titre d’exemple, on peut dresser une petite liste, non exhaustive bien sûr, des principales causes communes aux troubles du désir féminin: éducation rigoriste et réactionnaire soumettant la sexualité à de nombreux tabous (interdiction de la nudité, de la masturbation et de tout plaisir en général); privation d’affection parentale; mésestime ou mépris de soi; culpabilité due à des agressions sexuelles vécues durant l’enfance ou l’adolescence; premier rapport sexuel traumatisant ou douloureux; partenaire(s) peu apte à donner du plaisir; rapports conjugaux insatisfaisants; période de stress…

En conclusion de ce survol des troubles de la libido féminine, il est essentiel de noter que, à la différence du plaisir masculin, plus “primaire” dans ses manifestations, le plaisir de la femme s’entretient. Une femme qui prend l’habitude de se contenter de rapports sexuels insatisfaisants risque très souvent de développer un jour ou l’autre une anaphrodisie secondaire. A force de ne pas éprouver de plaisir, la femme peut finir par le perdre. Et même risquer de perdre jusqu’au désir d’en éprouver.