Isabelle, une patiente en thérapie avec nous, a expérimenté le NoBra (absence de soutien-gorge) durant un an. Elle nous livre ses impressions dans ce texte destiné à répondre aux questions et petites inquiétudes que beaucoup de femmes éprouvent sans doute avant de se lancer dans l’aventure !
« J’ai débuté début novembre 2021, après avoir lu de nombreux articles sur le sujet depuis le printemps précédent. Je voulais tenter l’aventure du « sans soutif » de préférence en automne et hiver, pour me sentir davantage protégée par des vêtements plus épais qu’en été. Il faut dire que j’ai 46 ans, que je fais un 85D, que mes seins sont assez lourds, et j’étais bien sûr assez anxieuse à l’idée que mes collègues de travail, et notamment ces messieurs, puissent se douter que je ne portais rien sous mes pulls !
L’esclavage du soutif !
Pourquoi tenter le NoBra ? Parce que, comme beaucoup de femmes j’en suis sûre, j’en avais marre de l’esclavage du soutif. Il est pénible de passer des journées entières corsetée : beaucoup de soutifs sont inconfortables, quand ce ne sont pas les baleines qui vous gênent, ça comprime, ça tient chaud, les bretelles sont pénibles à régler… et un bon soutien-gorge coûte toujours cher. En général, quand on rentre à la maison, on le retire avec un sentiment de soulagement, et on n’est pas pressée de le remettre le lendemain.
En ce qui me concernait, mon principal problème était le volume de mes seins. Sans soutif en petite robe d’été, ils se balancent visiblement et il est clair que je suis seins nus dessous. Il me fallait donc être décidée à assumer. Pas simple !
Sans soutif, les seins remontent ?
Malgré mes appréhensions, j’ai décidé de tenter l’expérience car mes seins commençaient à tomber. J’avais lu sur le Powerpoint d’un médecin français que la pratique prolongée du NoBra renforçait les ligaments de Cooper, ceux qui soutiennent naturellement les seins, et que ceux-ci finissaient par remonter quand on ne portait pas de soutien-gorge sur une période prolongée. Je voulais tenter l’expérience.
Gros pull ou petite robe printanière ?
En hiver, c’était facile. J’allais au travail vêtue de gros pulls, et je pense que pas grand monde ne se posait de questions. Avec l’arrivée du printemps, les choses se sont naturellement corsées. Je me souviens du premier jour ou je me suis décidée à mettre une petite robe printanière : l’étoffe était légère, et tous les mouvements de mes seins ne pourraient que se remarquer. Sur le lit, à côté de la robe, j’avais posé un jean et un petit sweat, et j’ai longuement hésité. Et puis, repensant aux conseils de mon thérapeute, je me suis dit qu’il fallait assumer. Après tout, c’était aussi un acte féministe, j’allais devenir une militante NoBra ! Et j’ai mis la petite robe.
Pour ce qui est de mes proches, les choses furent simples : je suis mariée et mère de deux garçons, collégien et lycéen, et j’ai clairement informé ces 3 hommes de ma vie de l’aventure NoBra dans laquelle j’avais décidé de m’engager, mettant en avant arguments médicaux et esthétiques. Tous trois m’ont soutenue (!) dès le départ et me soutiennent toujours !
Mettre en avant l’argument féministe !
Mes principales inquiétudes concernaient mon milieu professionnel. Je travaille dans une compagnie d’assurance, nous sommes en open space, et la plupart de mes collègues de bureau sont des femmes. Mais c’est bien sûr le regard des quelques collègues masculins qui m’inspirait le plus d’appréhension. Eh bien figurez-vous qu’aucun de ces collègues hommes ne s’est jamais aventuré à me poser la moindre question sur le sujet !
Par contre, j’ai eu à plusieurs reprises l’occasion de répondre à des questions de collègues femmes, dont certaines étaient assez crues voire carrément déplacées : « C’est normal que tu ne mettes jamais de soutif ? Pourquoi ? Tu n’as pas peur d’allumer les mecs ? ». Chaque fois, je répondais en parlant des avantages du NoBra, de ses indications esthétiques et médicales bien sûr, mais me faisais aussi un plaisir d’appuyer sur le côté féministe militant. Résultat, je passe depuis pour une féministe engagée (ce qui en dehors du NoBra n’a jamais été vraiment mon cas !), et je crois même avoir convaincu au moins une collègue d’essayer ! Mais il est un fait que les seules quelques questions gênantes que j’ai pu subir ne m’ont été posées que par des femmes. Et oui, la plupart des hommes aujourd’hui sont bien élevés, en fait ! Ils regardent et constatent sans doute, mais conservent un silence et une attitude respectueux !
« J’ai des trop gros seins, le NoBra n’est pas possible pour moi ! »
Quand je discutais avec des copines, certaines me disaient « Je t’admire, tu es bien pourvue et pourtant tu assumes. Moi je n’oserai jamais, ça attirera forcément l’attention ! ». A quoi je répondais que le NoBra était peut-être encore plus efficace sur les seins lourds que sur les petits, car l’absence de soutif les fait « travailler » en permanence, contribuant à les muscler et tonifier, redonnant à la peau une certaine élasticité au fil des mois. Quant à « attirer l’attention »… pourquoi ne pas simplement assumer sereinement, et se moquer des éventuels regards ? Sans soutif sous vos tops, vous n’êtes pas impudique, juste libre !
Assumer !
Oui, il faut une dose de bonne volonté, et peut-être un peu de courage aussi, pour parvenir à assumer, mais il faut relever fièrement la tête et s’y tenir. Et, dans les faits, vous verrez que vraiment très peu de monde osera vous poser la moindre question. Nous sommes au vingt et unième siècle, le mouvement féministe est puissant, « metoo » est passé par là et peu d’hommes osent encore se comporter en grossiers personnages. Nous sommes donc parfaitement en droit de profiter de la liberté de nos corps sans avoir de compte à rendre à personne. Bien sûr, vous éviterez de vous balader sans soutif dans des quartiers mal famés, mais vous constaterez que, partout ailleurs, tout se passera bien, sans remarque ni commentaire déplacés.
Les résultats
Aujourd’hui, un an plus tard, je constate que mes tétons ont remonté de quelques centimètres. Trois ou quatre selon mes mesures, ce qui est déjà énorme. Ils pointent à l’horizontale et non plus vers le bas, et mes seins semblent même plus fermes qu’avant. Sans la contrainte du soutien-gorge, les ligaments de Cooper ont repris leur rôle et les soutiennent naturellement au quotidien, sans recours à l’artifice contraignant du maudit soutif. Alors oui, cela demande du temps, de la volonté et ne se fait pas du jour au lendemain, mais je témoigne que ça fonctionne !
Peu avant l’été, j’ai fait une chose assez dingue, en forme de rite initiatique : j’ai rassemblé tous mes soutifs, et les ai vendus en un lot unique sur Vinted. Depuis, je n’ai plus un seul soutien-gorge à la maison, ça fait de la place dans mes tiroirs… et plus de liberté dans ma tête et dans mon corps !
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